J’ai déjà eu l’occasion de discuter de la (non) fiabilité des prévisions de croissance du FMI. Puisque le FMI continue à nous faire rire publier son World Economic Outlook, on a toujours la possibilité de confronter ses prévisions à ce qui s’est réellement passé.
Je vais me concentrer sur les prévisions de croissance qui ont été faites pour 2013. Je rappelle que je me restreins aux pays que le FMI considère comme des « économies avancées » auxquelles je retire San Marin1. Commençons par le plus facile : prévoir la croissance de l’année 2013 au début de 2013 :
Je rappelle la légende : la droite noire dessinée représente la droite le long de laquelle l’ensemble des points devraient être alignés. La zone verte qui l’entoure représente une marge d’erreur de ±1 point de croissance. La couleur des points représente la marge d’erreur. En bleu cyan, inférieure (strictement) à ±0,5 point ; en jaune, inférieure à 1,5 points ; en doré, inférieure à 2,5 points ; en orange, inférieure à 5,5 points ; en rouge, inférieure à 10,5 points ; et en violet au-delà.
La grosse erreur (le point rouge), c’est Chypre. Sur 34 pays, et donc 34 prévisions, 18 ont une erreur inférieure ou égale à 0,5 point ; six pays de plus ont une erreur comprise entre 0,5 point et 1 point ; sept pays de plus ont une erreur comprise entre 1 point et 2 points. La moitié des pays ont une erreur inférieure ou égale à 0,5 point et l’autre moitié a une erreur supérieure ou égale à ce niveau. Il y a malgré tout un tiers des pays pour lesquels l’erreur de prévision atteint ou dépasse 1 point. Bref, ce n’est pas catastrophique mais ça n’a rien de mirobolant non plus pour une prévision à très court terme.
Regardons maintenant la qualité des prévisions qui ont été faites début 2012 pour la croissance en 2013 :
C’est évidemment moins bon. Et même beaucoup moins bon. Seuls 10 pays subissent une erreur inférieure ou égale à 0,5 point. La moitié des pays ont une erreur supérieure ou égale à 1,2 point, et pour un quart d’entre eux elle est même supérieure ou égale à 2,3 points.
On peut aussi regarder l’évolution des prévisions de croissance en 2013 au cours du temps pour quelques pays (sinon le graphique devient illisible).
Les prévisions faites en 2014 correspondent en faite à une estimation de la (dé)croissance réalisée en 2013. Et donc le FMI a été très optimiste, jusqu’en 2012, où il pensait encore que quasiment tous les pays seraient encore en croissance en 2013. En 2013, le FMI a systématiquement revu ses estimations à la baisse. Mais il n’a pas vu dans le juste pour autant puisqu’un certain nombre de pays ont eu un taux de croissance supérieur à ce qui était prévu (le Royaume-Uni, le Portugal ou la France par exemple) mais d’autres ont eu un taux de croissance plus faible que prévu (l’Italie ou les Pays-Bas par exemple, respectivement -0,3 et -0,4 par rapport à ce qui était prévu). Si une telle différence peut sembler minime, dans le cas de la France par exemple (-0,1 prévu en 2013, mais finalement +0,3 constaté) cela représente malgré tout une différence de 8 milliards d’euros de PIB (et de trois à quatre milliards d’euros de rentrées fiscales).
Et pour les personnes qui aiment les images qui bougent, voici une version animée où chaque étape représente une prévision à une année donnée pour l’année 2013. Chaque point correspond à un pays (l’axe horizontal) et à un écart à la croissance constatée (axe vertical). Plus les points sont proches de 0, meilleure est la prédiction.
- parce que bon, franchement, qui s’intéresse à San Marin ? [↩]