L’abécédaire des horreurs de l’AFIS

On m’interpelle parfois pour savoir ce que je reproche exactement à l’AFIS. Or, difficile de résumer cela en quelques phrases ou quelques tweets. À la place, un article — amené à évoluer — qui synthétise quelques-uns des problèmes me semble plus opportun.

Notons que cela permettra également de répondre au président de l’AFIS qui pense qu’on ne peut pas trouver beaucoup de conneries de l’AFIS. Malheureusement, j’ai dû retirer (pour l’instant) certaines thématiques de cet article afin de pouvoir le publier un jour !

L’article aborde différentes thématiques pour lesquelles des problèmes ont été recensés. Bien évidemment cela ne signifie pas que les autres thématiques sont exemptes de problèmes.

Voici les différentes thématiques traitées dans l’ordre alphabétique (chaque lien renvoie vers la section correspondante) : agences réglementaires ; agriculture biologique ; atrazine ; biodiversité ; climat ; Covid-19 ; DDT ; écriture inclusive ; glyphosate ; Lévothyrox ; lobbies ; néonicotinoïdes ; perturbateurs endocriniens ; pesticides (avec une sous-partie sur le (non) traitement de l’expertise collective de l’Inserm et une autre sur la maladie de Parkinson) ; principe de précaution.

Agences réglementaires

Alors que l’AFIS prétend appeler à « une séparation claire entre l’expertise scientifique (ce que dit la science) et la décision (ce que la société choisit de faire) », elle écoute principalement, voire exclusivement, des agences où la réglementation influe grandement sur les données scientifiques à considérer. Ces agences sont probablement le meilleur exemple d’un mélange entre ces deux mondes puisqu’elles sont le fruit d’une histoire « dans laquelle se mêlent la science la politique et l’économie », d’après l’expertise collective de l’Inserm sur les pesticides de 20211.

Loin de rendre cette distinction claire, cet article de l’AFIS écrit en 2019 par un ingénieur chez EDF, sème le trouble. Il présente la pyramide des preuves en médecine, où les méta-analyses ou revues systématiques de la littérature sont au sommet de la pyramide. Cette représentation a ses limites mais elle peut aussi avoir son intérêt. Pourtant, loin de se limiter à cette pyramide, l’auteur se permet d’y ajouter un étage : les agences sanitaires. Selon lui, elles « examinent la littérature scientifique publiée sur un sujet donné et les niveaux de preuves associés ». D’une part, il est assez étonnant de modifier un concept sans donner aucune source ni justification à cette modification. D’autre part, ce qui est dit sur les agences est factuellement faux. L’expertise collective de l’Inserm sur les pesticides de 2021 souligne « le risque d’une séparation croissante entre la toxicologie « réglementaire » [celle des agences réglementaires] […] et la recherche académique en toxicologie ». L’expertise collective de l’Inrae et de l’Ifremer sur l’impact des pesticides sur la biodiversité est même plus directe (ainsi que je le rapportais dans cet article), elle souligne le rôle des « contraintes qui conduisent à écarter du processus décisionnel une partie des connaissances scientifiques pourtant disponibles dans le champ académique », la bibliographie est « très partiellement mobilisée » par les agences « de nombreuses connaissances disponibles ne sont pas mobilisées pour évaluer a priori les risques associés à l’utilisation [des pesticides] ». Ces expertises scientifiques pointent donc la faible prise en compte de la littérature scientifique, à l’opposé de ce qu’affirme l’ingénieur chez EDF… toujours sans aucune source. Mais dans l’association, cette position est partagée : le président de l’AFIS revendique lui aussi que la position de l’association c’est « qu’il faut écouter » les agences.

Lors d’une présentation sur le glyphosate par un ingénieur en informatique, administrateur et porte-parole de l’AFIS, aucune source issue de la littérature académique (relue par les pairs) sera mobilisée par l’ingénieur. À l’opposé, les sources réglementaires seront abondamment sollicitées (APVMA, Anses, ECHA, EFSA, EPA, Santé Publique France). Seuls trois rapports non issus d’agences réglementaires auront droit de citer : un rapport de l’Inrae sur la sortie du glyphosate et deux rapports très brièvement mentionnés du Centre International de la Recherche sur le Cancer et de l’Inserm. Pire, bien qu’il s’appuie très largement sur les agences, à aucun moment l’ingénieur ne rappelle les limites de leurs analyses (que j’ai brièvement rappelées ci-dessus, mais dont on peut lire les détails ici). En près de 2h de conférence, il se contentera juste d’un sibyllin « certains affirment que les agences se trompent ou nous trompent ». Pour lui, le « premier niveau d’information » auquel on a droit, ce sont les avis des agences réglementaires. Mais « informer » sur ces avis, sans jamais rappeler les limites… est-ce de l’information ou de la propagande ? Le président de l’AFIS affirme aussi que le fait que les agences aient un avis convergent sur le glyphosate donne confiance dans leur résultat. Oui, mais confiance en quoi ? Est-ce que cela donne confiance dans le fait que le glyphosate ne serait pas cancérigène ? Plus rigoureusement, cela devrait donner confiance dans le fait qu’en prenant principalement en compte les études réglementaires on arrive à la conclusion que le glyphosate n’est pas cancérigène. Que des agences arrivent de manière convergente à une conclusion erronée n’est pas une nouveauté (bisphénol A, chlorpyrifos, néonicotinoïdes, etc.).

Qu’une association « pour l’information scientifique » laisse de côté les informations venant des journaux scientifiques, pose déjà question. En relayant principalement, voire uniquement, les agences réglementaires, l’AFIS donne en fait le plus de poids aux études réglementaires, réalisées par les industriels, puisque ces agences mobilisent peu la littérature académique. Ces études réglementaires dépendent de… la réglementation et donne on prétend que « dans les domaines de la santé et de l’environnement, les avis des agences sanitaires ou des institutions académiques sont toujours rappelés » alors que les avis des expertises collectives de l’Inserm ou de l’Inrae/Ifremer sur les agences réglementaires n’ont jamais été mentionnés, pas plus que les avis de l’Inserm sur le glyphosate.

Surtout, pour quelles raisons s’appuyer sur les avis d’agences qui sont par ailleurs décriées — à juste titre — pour leurs divers échecs ? L’AFIS ne justifie jamais cette prise de position. Pourquoi s’appuyer sur des agences qui ont divisé la dose tolérable au bisphénol A d’un facteur 100 000 ? Pourquoi s’appuyer sur des agences qui, lors du processus d’autorisation, ont été incapables de détecter que des substances (bisphénol A, néonicotinoïdes, chlorpyrifos, etc.) posaient problème ? Problèmes qui n’ont été identifiés que par des travaux académiques, pourtant ignorés ou critiqués par l’AFIS dans de nombreux cas. Que penser d’agences réglementaires dont  « les insuffisances du dispositif ont suscité une littérature beaucoup plus abondante que ses améliorations ou succès » (c’est l’expertise collective Inrae/Ifremer qui l’écrit) ? Pourquoi avoir confiance dans leur résultat ? En quoi serait-il rigoureux ou pertinent de faire confiance à ces agences plutôt qu’aux analyses scientifiques qui ne souffrent pas des biais des analyses réglementaires ? En quoi serait-il éthique d’ignorer cette « abondante » littérature critique et d’appuyer nos décisions sur des agences si critiquées ? Pourquoi s’appuyer sur des agences qui ont été incapables de mettre en lumière les dommages que posent les pesticides sur les agriculteurs et sur le vivant plus généralement ? À moins que ce soit ces erreurs qui, justement, rendent les agences appréciables aux yeux de l’AFIS ? Elles leur offrent une confortable ignorance qui permet de nourrir leurs stratégies du doute.

D’ailleurs, on note (avec surprise ?) que certains avis d’agences ne sont pas mentionnés. Ainsi la recommandation de Santé Publique France2 d’aller vers des fruits et légumes bio quand c’est possible n’a jamais été mentionnée. Simple oubli ou rejet d’un avis qui ne va pas dans le sens des dogmes de l’AFIS ?

Agriculture biologique

Un 2010, un doctorant en biologie marine écrit un article affirmant qu’une étude relève « une chute de 55% des rendements et une hausse de 12,5% de la biodiversité spécifique en système agricole biologique ». Or il n’est pas précisé que cette perte de rendement n’est pas une observation générale en agriculture biologique, mais sur des céréales d’hiver dans le cadre de cette étude. Cette baisse de rendement particulièrement marquée est donc relayée par l’AFIS. L’auteur de cet article a réagi suite à la publication de ce billet : il critique le procédé de l’AFIS qui a republié hors contexte et sans lui demander, ce qui à l’origine était une brève au milieu de différentes news, dans lesquelles l’état de l’art n’était pas détaillé. À sa demande, ses articles ont été retirés du site de l’AFIS3.

Ce même chiffre est repris une deuxième fois en 2016, sans préciser le contexte, dans un article de Philippe Stoop, ingénieur chez ITK et marchand de doute régulier. En revanche, des chiffres plus robustes, s’appuyant sur des dizaines d’études de long terme, ne le seront pas. Ils montrent une différence de rendement moins spectaculaire de 16%.

Un article de Louis-Marie Houdebine (directeur de recherche à l’INRA), publié en 2013, affirme qu’il n’y a pas de raison pour que les pesticides autorisés en bio soient moins nocifs pour la santé. C’est pourtant le cas. À cela on pourrait donner une raison très simple, les pesticides autorisés en bio sont pour certains très anciens, ce qui permet d’avoir du recul sur leurs effets éventuellement néfastes. Ainsi, nous n’utilisons plus d’arsenic ou de plomb comme pesticides, bien que ces substances soient naturelles. Pour autant, la moindre nocivité des pesticides bio est un fait que le porte-parole de l’association refuse toujours de reconnaître.

Dans un article de 2016, Stéphane Adrover, chargé d’études à l’INSEE, revient sur les pesticides utilisés en bio. Là non plus, il ne sera pas rappelé que les pesticides utilisés en bio sont moins dangereux. L’auteur se concentre sur les pesticides bio les plus dangereux, sans les comparer à ceux utilisés en agriculture conventionnelle. L’auteur indique que le cuivre se bioaccumulerait dans les tissus, sans fournir de référence à cette affirmation. Les seuls éléments((Par exemple dans cette synthèse sur la neurotoxicité du cuivre)) qu’on peut trouver quant à une bioaccumulation du cuivre dans le foie, par exemple, traitent d’une maladie génétique : la maladie de Wilson. On pourrait également rappeler — ce que ne fait pas l’AFIS — que le cuivre est un nutriment indispensable au corps, qu’il a les capacités de réguler. Les laits infantiles sont d’ailleurs supplémentés en cuivre. L’auteur semblant en manque d’exemples, il se rabat sur la roténone, pourtant interdite depuis de nombreuses années. L’AFIS nous indique que le rôle de la roténone dans Parkinson a été « établi ». Pourtant la synthèse de l’Inserm de 2021 sur les effets des pesticides sur la santé indique qu’il existe une présomption moyenne pour ce lien. Ironiquement, l’Inserm utilise la même classification que pour le caractère cancérigène du glyphosate, que l’AFIS s’attache pourtant à nier.

En 2018, un article de Léon Guéguen (directeur de recherche honoraire de l’INRA), aborde lui aussi la question des rendements sous un angle caricatural. L’auteur prétend que les rendements du blé en France sont deux fois moindre en bio qu’en conventionnel. À l’appui de son affirmation des données d’observation des récoltes en France, et non des données issues d’études scientifiques, sur… le blé tendre d’hiver. L’auteur est également très affirmatif quant aux effets sanitaires des aliments bio : ils ne sont « pas meilleurs pour la santé ». Son affirmation est étayée par quatre références… trois étant des articles de la revue de l’AFIS et la quatrième un chapitre de livre écrit par l’auteur. Dommage, les synthèses de connaissances sur le sujet, dont les conclusions sont plus subtiles (Brantsæter el al, 2017 ; Mie et al, 2017), ne seront pas citées ni dans cet article, ni plus tard, y compris concernant les synthèses plus récentes (Hurtado-Barroso et al, 2019, Vigar et al, 2020).

En 2018, Baudry et al publiaient une étude s’appuyant sur une cohorte qui montrait que le quart des personnes mangeant le plus bio avait 25% de cancers en moins par rapport au quart qui en mangeait le moins. L’AFIS a mis en œuvre un tir de barrage contre cette étude. Tout d’abord, sur son compte Twitter, l’association écrit ou relaie plus d’une dizaine de tweets critiquant l’étude, souvent avec peu de subtilité.

L’AFIS retweete un tweet de Mac Lesggy (qui travaille notamment avec l’Aprifel, le lobby des fruits et légumes) qui relaie lui-même un tweet de l’association industrielle ACSH (notamment financée par Bayer ou Syngenta).

En plus de relayer l’ACSH, l’AFIS relaie aussi d’autres personnes associées à l’agro-industrie comme Gil-Rivière Wekstein, Forum Phyto ou Wackes Seppi. Des personnes ou organismes qui ne sont pourtant pas connus pour leurs compétences en épidémiologie nutritionnelle.

Concernant leur revue, l’AFIS a publié un article de l’épidémiologiste Catherine Hill au sujet de cette étude. Si on peut critiquer sa manière de parler des résultats sur les lymphomes non-hodgkiniens ou la relativisation qui est faite par rapport à d’autres causes de cancer, l’article ne contient pas de contre sens ou grosses erreurs. En revanche, un autre article publié dans le même numéro, et rédigé par un enseignant-chercheur en génie civil est beaucoup plus problématique. D’une part, l’auteur affirme que pour prouver la causalité il faudrait faire des études randomisées en double aveugle. C’est faux et consiste à demander un niveau de preuve inatteignable, ce qui est une stratégie de doute assez classique. Une telle étude n’est pas faisable à long terme sur un grand nombre de personnes. Éthiquement, elle soulèverait également des questions. Il est pourtant possible de démontrer une causalité sans disposer de telles études : il s’agit des critères de Bradford Hill, que l’auteur ne mentionne jamais. L’enseignant-chercheur en génie civil commet une autre erreur, il prétend que le quart des personnes qui mangent le moins bio « regroupe tous les comportement « à risque » », alors que le quart qui en mange le plus « regroupe les comportements vertueux ». Or nombre des comportements vertueux ou à risque que mentionne l’enseignant-chercheur sont pris en compte dans l’analyse statistique par les auteurs de l’étude (consommation de tabac, d’alcool, activité physique, régime alimentaire, etc.). Mais l’affirmation initiale est elle-même tout simplement fausse. Il suffisait pour cela de consulter le premier tableau de l’article

Contrairement à ce qu’affirme l’AFIS, c’est le premier groupe (celui qui consomme le moins bio) qui a le plus une activité physique élevée (24% du groupe contre 17% dans le groupe qui consomme le plus bio).

Concernant le tabac, s’il y a effectivement plus de personnes qui fument dans le premier groupe que dans le dernier, il y a aussi moins de personnes n’ayant jamais fumé dans le premier groupe que dans le dernier. Mais surtout, nombre de ces variables ne sont pas corrélées au fait d’avoir un cancer dans cette étude. L’explication alternative aux résultats observés fournie par l’enseignant-chercheur en génie civil ne tient donc absolument pas. En revanche, il ne mentionne pas que le dernier groupe a un historique familial de cancer plus élevé que dans le premier groupe, paradoxalement cela en fait donc un groupe plus à risque de cancer.

On s’étonnera également que l’AFIS n’ait jamais relayé les recommandations nutritionnelles des agences sanitaires : consommer si possible des aliments bio4. L’AFIS, sur d’autres sujets, revendique pourtant de s’appuyer prioritairement sur les agences. L’AFIS n’a pas non plus indiqué que le GIEC comme l’IPBES ou la FAO mentionnent l’agriculture biologique comme une solution potentielle.

Atrazine

Suite à un numéro de Cash Investigation sur les pesticides, l’AFIS publie en 2016 un article pour y contester un certain nombre d’informations. L’AFIS critique notamment les résultats de Tyrone Hayes, un chercheur qui a subi une campagne de dénigrement de la part de Syngenta, firme productrice de l’atrazine. L’AFIS va prétendre que les résultats de Hayes n’ont pas été reproduits, ceci en citant un article à l’apparence crédible : « “Atrazine Effects in Xenopus Aren’t Reproducible”, Rebecca Renner,May 15, 2008 / Environmental Science & Technology. ». Or l’article cité n’est pas un article de recherche, mais un article journalistique. Pourtant une méta-analyse datant de 2010 montrait bien que les résultats produits par Hayes avaient été reproduits.

Au détour d’un article de 2019 sur les pesticides, il est affirmé que l’atrazine est sans risque sanitaire. En 2013, l’expertise collective de l’Inserm sur les effets des pesticides sur la santé n’allait pas dans ce sens puisqu’une présomption moyenne de problèmes de croissance fœtale était soulevée.

Biodiversité

En 2020, l’article Reconquête de la biodiversité : de quelle nature parle-t-on ?, de Christian Lévêque, hydrobiologiste et membre de l’Académie d’agriculture, mentionne différents moments ayant donné lieu à des pertes de biodiversité. Il s’agit du même type de stratégie rhétorique que les climato-sceptiques quand ils affirment que le climat a toujours varié : là n’est pas la question. Le déclin actuel pose problème par la rapidité des changements et par notre responsabilité. Il relativise également la perte de biodiversité en l’appelant « érosion » (par définition, un phénomène lent et naturel) et considère qu’il s’agit d’une généralisation abusive. Ce n’est pas du tout en phase avec le résumé de l’IPBES (parfois appelé le GIEC de la biodiversité) que l’AFIS a par ailleurs traduit en partie. Avant cet article, l’AFIS avait invité Christian Lévêque à donner une conférence. Dans celle-ci, il remet en cause le taux d’extinction et finit sa conférence en accusant les ONG d’être créationnistes car basées aux États-Unis…

Alain Pavé, biométricien, a également écrit un article sur la biodiversité pour l’AFIS. Il est également membre de la fondation de Claude Allègre « Écologie d’avenir ». Donner la parole sur la biodiversité à un biométricien qui ne voit pas de problème à participer à une fondation sur l’écologie mise en place par un climato-sceptique pourrait déjà poser question. Ses articles sur la biodiversité confirment les craintes. Dans son article de 2020, il relativise les conclusions de l’IPBES en les mettant au conditionnel. Il prétend, sans le démontrer, que ses données seraient « possiblement biaisées » et l’accuse d’avoir une vision fixiste (les benêts !). L’ouvrage de Pavé, sur lequel s’appuie cet article, a été vertement critiqué par Jacques Blondel, un écologue de référence. Il souligne que Pavé « conteste l’effondrement des populations d’oiseaux et d’insectes, y compris dans les milieux agricoles intensifs » et « réfute les effets des dérèglements climatiques sur la biodiversité ». Blondel critique le manque de références scientifiques sur lesquelles s’appuie Pavé, on peut faire le même constat dans son article. Pour Blondel, Pavé « ne croit pas à l’érosion de la biodiversité dont le constat et la dénonciation seraient un mythe ». Voilà le type de personnalité à laquelle l’AFIS ouvre ses colonnes. Comme pour le réchauffement climatique, l’AFIS n’a aucun souci à donner la parole à des personnes remettant en cause les connaissances scientifiques solidement établies.

Comme pour Lévêque, l’AFIS ne s’arrête pas à cette expérience. Elle donne aussi l’opportunité à Pavé d’exprimer son déni lors d’une conférence, organisée par l’antenne lyonnaise de l’AFIS, qui est présidée par un toxicologue travaillant chez BASF. Dans sa conférence il remet en cause le fait de parler de sixième extinction (terme pourtant employé par l’IPBES5) notamment car nous ne serions pas capable d’évaluer la vitesse d’extinction dans le passé. Il remet donc complètement en cause les conclusions de l’IPBES6.

Ainsi qu’indiqué précédemment, l’AFIS a publié une partie du résumé de l’IPBES. Une partie ? Oui, l’AFIS a fait des coupes afin d’avoir un contenu plus facilement publiable. Mais quel genre de coupes ? Une comparaison de la version d’origine avec la version publiée par l’AFIS permet d’observer que les critiques de la technologie ou les causes des changements de la nature sont supprimées. Les termes « engrais » ou « pesticides » n’apparaissent plus dans le résumé proposé par l’AFIS. De même, la nécessité d’un changement structurel est gommée. Les références à la pauvreté ou aux inégalités (20 occurrences au total dans le résumé originel) sont très largement expurgées : il ne reste qu’une occurrence en lien avec la pauvreté (« communautés les plus pauvres du monde ») dans le résumé de l’AFIS.

En juin 2023, l’AFIS n’avait toujours pas relayé la publication par l’Inrae et l’Ifremer d’une expertise collective sur les effets des pesticides sur la biodiversité.

Climat

L’AFIS a eu une longue période pendant laquelle elle a régulièrement relayé des contenus climato-sceptiques.

Cela s’est matérialisé par la publication de deux numéros, en 2008 et en 2010, ouvrant leurs colonnes à des climato-sceptiques revendiqués (Muller, Courtillot et Le Mouël, Rittaud). Au-delà des articles signés par des climato-sceptiques, l’AFIS a également publié d’autres contenus contestables.

En 2008, l’introduction du dossier climatique de l’AFIS commençait par « La vérité scientifique ne s’établit pas par consensus mais par sa concordance avec le monde réel ». Un autre article du même numéro, que l’introduction présente comme un éclairage du débat dans la communauté sceptique étatsunienne, se termine par une prise de position indubitablement climato-sceptique : « C’est au fil des années que la vérité apparaîtra, car pour l’instant tout est interprétation, modélisation, et manque de faits d’une absolue solidité. Mais beaucoup pensent que les décisions politiques sont à prendre tout de suite, avant qu’il y ait certitude ».

Dans le numéro de 2010, l’introduction du dossier donne là aussi le ton : « Si la plupart des climatologues et spécialistes du sujet affirment que les activités humaines sont la cause déterminante du réchauffement clima­tique, la vérité en science ne se décide pas à la majorité, et force est de constater qu’aujourd’hui, un certain nombre d’experts reconnus contestent cette affirmation ».

Quand Claude Allègre prolonge artificiellement une courbe à la baisse (une falsification, donc), un article du numéro de 2010 transforme cela en « un scénario proposé par Claude Allègre sur la base de la courbe de Grudd », l’auteur estime également que « Claude Allègre soulève des questions légitimes » sur la question du climat. Dans le même numéro, une recension de l’ouvrage d’Allègre donne droit à des louanges envers celui-ci « Claude Allègre est l’un des rares hommes politiques à porter sur la place publique avec courage, comme son ami Luc Ferry, le combat idéologique contre les courants, à tendance volontiers totalitaire, usant de l’alarmisme, véhiculant les peurs et conduisant au déclin ». Toujours dans ce numéro, une note de lecture d’un ouvrage sur le climat passé laisse deviner le climato-scepticisme de l’auteur de la note : « on regrettera que transparaisse, à plusieurs reprises dans l’ouvrage, une sorte d’allégeance forcée – qu’on ne demande pas à l’historien d’ailleurs – au réchauffement anthropique et aux prévisions du GIEC ». On constate la même chose dans une autre note de lecture, pour un ouvrage de Rittaud, dans le même numéro : « Faut-il s’éloigner des conclusions du GIEC après avoir lu ce livre ? Ce serait prématuré. L’ouvrage apporte des arguments précis, mais il existe des contre-arguments. Le débat est ouvert, et il faut être patient, se donner encore des années d’observations. »

De nombreuses notes de lecture (pas spécialement critiques) de livres climato-sceptiques ont également été publiées, pour les livres de Cabrol (2008), Crichton7 (2008), Allègre (2010), Courtillot (2010), Galam (2010), Rittaud (2010), Gérondeau (2011), Cabrol (2011), Godefridi (2011).

D’autres articles, qui n’abordent pas le climat de manière centrale, laissent transparaître un climato-scepticisme latent. En 2009, une autrice semble regretter qu’on ne puisse se montrer « crument sceptique » de l’origine humaine du réchauffement climatique. En 2012, un article portant sur les impacts environnementaux du gaz de schiste n’aborde pas l’impact sur le climat et ne mentionne pas les fuites de méthane imputables à l’exploitation de ce type de gaz. En 2013, se poser la question de la responsabilité humaine du changement climatique semble légitime.

En 2016, un article remettait en cause le groupe 3 du GIEC, qui porte sur l’atténuation du changement climatique. Son travail est accusé de relever « largement de l’opinion et d’options idéologiques ». Les auteurs reprochent également au groupe 3 du GIEC de ne pas suffisamment s’intéresser au sujet de l’adaptation… qui est le rôle du groupe 2 du GIEC, et non celui du groupe 3.

L’AFIS a depuis évolué et relaie désormais uniquement les résultats issus du GIEC, concernant la physique du climat. Il n’en reste pas moins que tous les articles précédemment cités sont toujours en ligne. Un bandeau a été ajouté en 2018 au début de quelques articles, uniquement ceux écrits par les climatosceptiques Muller, Courtillot et Rittaud (datant de 2008 ou 2010). Un bandeau a également été ajouté en 2022 à la fin de la note de lecture de Michel Naud sur un ouvrage de Cabrol. On relèvera que les bandeaux n’indiquent pas la date à laquelle ils ont été ajoutés, ce qui ne permet pas de percevoir qu’il a fallu une dizaine d’années avant que de telles modifications surviennent. De plus une recension de 2010 d’un livre de Sylvestre Huet sur le climat a été purement supprimée. Son livre y était qualifié de « réchauffiste ».

Pourquoi des bandeaux n’ont été ajoutés que sur certains contenus et pas sur la totalité ? Pourquoi un contenu a-t-il été supprimé et pas les autres ? L’AFIS est-elle consciente des erreurs qu’elle a pu faire pendant toutes ces années sur le climat ? Comment compte-t-elle procéder pour qu’un tel fiasco ne se reproduise pas ? Ces questions sont d’autant plus légitimes que les mêmes problèmes se présentent par rapport au traitement par l’AFIS de la chute de la biodiversité. L’association ne semble donc avoir tiré aucune leçon de cet échec patent.

En guise de réponse, il faudra se contenter d’un tweet de l’actuel président de l’AFIS qui affirme que supprimer des articles reviendrait à nier le passé. Réponse surprenante à double titre : d’une part, comme indiqué précédemment, une note de lecture a bien été supprimée. D’autre part, les journaux scientifiques ont l’habitude de faire cela sans pour autant nier le passé. L’AFIS pourrait s’inspirer de leur pratique, si elle le voulait. Mais en voyant que le rédacteur en chef de l’AFIS s’étonne de la non suppression de contenus trompeurs à l’Ademe, on réalise que ces justifications ne sont que des prétextes fallacieux pour ne pas reconnaître une erreur.

Pour autant, le traitement du dérèglement climatique n’est pas devenu satisfaisant dans toutes ces dimensions. En 2018, un article abordant la question de l’alimentation durable de 10 milliards de personnes ne mentionne pas le rôle important de l’alimentation dans le réchauffement climatique (seul le rôle des engrais est très brièvement évoqué). Il est pourtant impossible de respecter la cible de +2°C de réchauffement en 2100 sans modification importante de notre système alimentaire (ce qui ne consiste pas qu’à augmenter les rendements).

Covid-19

Le 29 mars 2020, Jean-Paul Krivine, ingénieur chez EDF publie un article intitulé Coronavirus : une punition divine ?. Article dans lequel il affirme « cette pandémie nous rappelle que l’Homme continue à vivre dans une nature qui n’est ni bienveillante, ni accueillante (ni l’inverse d’ailleurs : la nature se contente d’être…), et l’origine de l’épidémie est tout ce qu’il y a de plus naturel ». L’affirmation est particulièrement précoce, et peu prudente, à cette date. Surtout, sont balayées toutes les raisons qui font que les zoonoses sont plus probables en raison des activités humaines. Voir le rapport de l’IPBES à ce sujet.

Dans un autre article sur le sujet (L’origine de la zoonose et les modes de contamination), de Jeanne Brugère-Picoux professeure de pathologie médicale dans une école vétérinaire, ne sont pas non plus évoquées comment les activités humaines peuvent favoriser ces zoonoses (déforestation, élevage…).

DDT

L’AFIS a publié deux articles (en 2003 et 2014) sur le DDT, un insecticide utilisé massivement à partir de l’après-guerre, notamment pour tuer les moustiques, qui peuvent être vecteurs du paludisme. Ces articles vont relayer une fable laissant croire que l’utilisation du DDT dans la lutte contre le paludisme se serait arrêtée dans les années 1970 (c’est faux), à cause de la pression des écologistes (c’est donc également faux). Cette fable a pour origine les milieux néo-conservateurs américains, au début des années 1990, afin de décrédibiliser les luttes écologistes. En 2020, l’AFIS publiera un nouvel article dans laquelle elle nie avoir accusé les associations environnementalistes. C’est pourtant bien ce qui se trouve dans l’article de 2014…

Écriture inclusive

L’AFIS a publié un article réactionnaire quant à l’écriture inclusive, débutant par un exemple caricatural où le Maître Corbeau de la fable de La Fontaine est transformé en « Maître·sse Corbe·au·lle ». L’article ne comporte aucune référence scientifique, alors que les sources sur le sujet ne manquent pas. Une critique complète et étayée de cet article a été réalisée par BunkerD. Là non plus, les critiques n’ont pas été prises en compte et une « discussion » sur Twitter avec un membre du comité de rédaction montre à quel point l’AFIS peut être fermée à toute critique.

Glyphosate

En 2017, Jean-Paul Krivine, rédacteur en chef de la revue de l’AFIS et ingénieur chez EDF rédige un article intitulé Agents cancérogènes, qui porte sur les classifications de cancérogénicité du CIRC. Le dernier paragraphe aborde le glyphosate en affirmant, à tort, que « la polémique [sur le glyphosate] s’est construite en mélangeant danger, niveau de preuve et risque ». La confusion vient de l’auteur puisque deux des agences qu’il cite (l’EFSA et l’EPA) ont procédé à une analyse du danger cancérigène, comme le CIRC, ainsi que je l’expliquais dans un autre article. Une étude récente confirme que la polémique ne vient pas d’un mélange entre danger et risque.

En 2018, l’informaticien et porte-parole de l’association, Hervé le Bars écrit un article afin de critiquer l’évaluation réalisée par le CIRC. Il caricature l’avis du CIRC qui, parce qu’il porterait sur le danger ne prendrait aucun compte des doses en jeu (« l’indifférence au caractère réaliste de la dose que suppose une évaluation de danger »). C’est évidemment complètement faux, comme j’ai déjà eu l’occasion de le montrer. D’autre part, l’auteur dénigre l’avis du CIRC en lui faisant des reproches infondés, comme je l’avais détaillé sur Twitter. Succinctement, la différence fondamentale (que reconnaît en creux Hervé le Bars) entre les agences et le CIRC est que les agences se laissent convaincre par les études industrielles, alors que le CIRC ne les prend pas en compte. On notera également qu’Hervé le Bars ne s’embarrasse pas de l’avis de l’Inserm qui considère lui aussi que le glyphosate est génotoxique.

En juin 2018, Hervé le Bars intervient pour Les idées claires, programme de France Info et France Culture ironiquement destiné à lutter contre les fakes news… Dans ce programme, il fait croire que le CIRC étudie le danger et que le CIRC considère donc que « boire un litre de glyphosate est une situation qui peut arriver ». Évidemment le CIRC n’a pris aucune étude de ce type en compte… pour la simple raison qu’il n’en existe pas. Hervé le Bars prétend également à nouveau que les agences réglementaires, elles, ne considèrent que le risque et donc ne prennent pas de telle situation en compte. En l’écoutant, on comprend donc que les agences font un travail raisonnable là où le CIRC s’intéresse à des situations particulièrement loufoques. C’est évidemment parfaitement fallacieux. D’autant plus que les agences se prononcent aussi sur le danger. Il aura fallu attendre 2022 et un discret tweet du président de l’AFIS (ajouté après coup à un thread largement fallacieux… qui disait pourtant l’inverse) pour qu’une personne de l’AFIS reconnaisse ce fait.

En 2019, Jean-Paul Krivine écrit un nouvel article avec Hervé le Bars afin d’offrir un « décryptage » d’un numéro d’Envoyé Spécial qui venait d’être diffusé. On y retrouve des arguments habituels par rapport au glyphosate. Les auteurs relativisent la classification du CIRC, en indiquant que de nombreuses agences réglementaires l’ont considéré sans « risque cancérigène ». Le fait que de nombreuses agences réglementaires aillent dans la même direction n’est pas une preuve en soi puisqu’elles s’appuient sur les mêmes données et sur des méthodologies comparables. Une uniformité de résultat n’est donc pas une surprise et ne peut pas être présenté comme s’il s’agissait de résultats obtenus indépendamment. Les auteurs affirment qu’Envoyé Spécial aurait dû rappeler la différence entre danger et risque. Au contraire, ça aurait été une erreur comme je l’ai précisé ci-dessus. Plus ironique, les auteurs reprochent à Envoyé Spécial de ne pas avoir cité l’étude de l’AHS. Venant d’une association qui n’a jamais cité la classification de l’Inserm, ni les diverses méta-analyses publiées après cet article (voir plus bas), reprocher un manque d’exhaustivité de la bibliographie est audacieux. Les auteurs contestent également la tératogénicité du glyphosate (sa capacité à entraîner des malformations fœtales) sur la base de la conclusion des agences sanitaires. Pourtant une synthèse publiée en 2020 considère que les preuves à disposition suffisent pour soupçonner une tératogénicité des herbicides à base de glyphosate. Enfin, comme révélé par un twittos, repris dans Les gardiens de la raison, les auteurs tronquent une citation d’une étude scientifique pour prétendre que les taux de glyphosate retrouvés dans les urines sont sans risque8. Aucune correction ne sera évidemment effectuée sur l’article de l’AFIS.

L’épidémiologiste Catherine Hill, dans un article de 2018, ainsi que dans une conférence donnée pour l’AFIS fin 2019 est plus subtile que les informaticiens de l’AFIS. Elle ne remet pas en cause la classification du CIRC. Elle indique dans son article qu’elle est controversée et est encore plus prudente dans sa conférence : « on ne sait pas très bien quoi penser, c’est difficile ».

Jamais l’AFIS n’a cité les conclusions de l’expertise collective de 2013 de l’Inserm sur les effets des pesticides sur la santé à propos du glyphosate. L’expertise collective considère qu’il existe une présomption moyenne d’un lien entre l’exposition professionnelle au glyphosate et la survenue de lymphomes non-hodgkiniens. Globalement l’expertise collective a été peu citée (voir la partie sur les pesticides). Pourtant Jean-Paul Krivine, rédateur en chef de la revue, l’a citée à différentes reprises sur d’autres sujets (plutôt pour minimiser l’impact des pesticides). Il a également écrit sur le glyphosate mais, là, passe totalement sous silence les conclusions de l’expertise. Cela pose question quant à la partialité avec laquelle il sélectionne ses sources selon ce qu’il souhaite leur faire dire.

D’autre part, trois méta-analyses ont été publiées en 2019 sur le lien entre exposition professionnelle au glyphosate et développement de lymphomes non-hogkiniens (Zhang et al, 2019 ; Leon et al, 2019 ; Pahwa et al, 2019). Les trois sortent avec un résultat positif, c’est-à-dire identifiant un tel lien. L’AFIS n’a jamais cité aucun de ces résultats. De manière plus générale, la seule étude publiée dans la littérature scientifique sur le glyphosate que daigne citer l’AFIS est celle d’Andreotti et al, 2018, qui n’identifie pas de lien avec les lymphomes non-hodgkiniens. J’ai eu l’occasion de rappeler un certain nombre d’études sur le glyphosate… malheureusement le lectorat de l’AFIS n’aura aucun moyen de soupçonner leur existence. Et ne parlons pas des effets du glyphosate sur l’environnement.

Quant au président de l’AFIS, il s’est illustré en citant un journal prédateur, des marchands de doute ou la seule méta-analyse négative, par ailleurs vertement critiquée, afin de défendre sa position (et celle de l’AFIS) sur le glyphosate.

Lévothyrox

Le médicament Lévothyrox a connu un changement de formulation en 2017. De nombreux patients ont ensuite fait part d’effets indésirables. Dans un article publié en 2018, par un professeur d’endocrinologie, il est affirmé que : « l’explication la plus raisonnable est celle d’un effet nocebo ». Alors que Catherine Hill est une autrice régulière de la revue de l’association, l’AFIS ne relaiera pas ses contributions sur le sujet. À l’opposé de l’article publié par l’AFIS, elle affirmait que la nouvelle formule du médicament n’est pas bio-équivalente à l’ancienne. En revanche l’association relaiera sur son compte Twitter, le thread d’une personne sous pseudonyme qui critique une étude scientifique mettant en cause la bio-équivalence de la nouvelle formule.

Lobbies

L’AFIS ne traite pas de la même manière les différents lobbies qui cherchent à influencer les connaissances scientifiques ou la façon dont elles sont relayées dans la sphère publique. Un article, a déjà montré que l’AFIS parle beaucoup d’un lobby vert/bio/écolo mais pas du tout du lobbying de l’industrie agro-alimentaire ou agro-chimique (la dernière intervenant directement dans ses colonnes !). Pour illustrer cela, recherchez « nutriscore » sur le site de l’AFIS. Voilà le résultat :

Pourtant, voilà un lobbying semant le doute sur des connaissances scientifiques et ayant des conséquences sur la santé publique. N’est-ce pas le type de sujet qu’on s’attendrait à voir traité par une association comme l’AFIS, si elle remplissait réellement le rôle qu’elle entend tenir ?

Néonicotinoïdes

En 2012, l’AFIS publie un article de Marcel Kuntz, suite à la publication d’une étude scientifique démontrant pour la première fois des effets sublétaux des néonicotinoïdes chez des abeilles dans leur environnement naturel. Les résultats de l’étude sont donc particulièrement intéressants pour les preuves qu’elle apporte. Pourtant, le but de l’article de Kuntz est de critiquer l’étude. Or, la critique d’études ne se fait habituellement pas dans une revue de vulgarisation scientifique par une personne sortant de son champ de compétences, mais dans les revues scientifiques elles-mêmes. La critique porte sur la dose de néonic administrée aux abeilles, celle-ci serait trop élevée de 30%. Mais pourtant même à une telle dose, c’est une information capitale : les études réglementaires sur la base desquelles les insecticides ont été autorisés n’ont pas décelé d’effets néfastes. Mais cela ne sera pas rappelé, la critique a juste pour but de rejeter l’étude à peu de frais.

L’AFIS publie en 2016 un article étrangement intitulé « Insecticides et abeilles : une cohabitation exigeante et nécessaire ». Le titre s’éclaire notamment à l’aune de la profession de l’auteur : à cette date il était « responsable biodiversité » chez Syngenta, ce qui le mettait en position de défendre les néonicotinoïdes dans les médias, pour le compte de son employeur. Dans l’article pour l’AFIS, l’auteur parle d’une « corrélation apparente » entre l’arrivée des néonicotinoïdes et le déclin des abeilles. Pourtant, un rapport de l’agence européenne de l’environnement (EEA) mentionne de nombreux résultats montrant la toxicité, notamment chronique, de ces insecticides pour les abeilles. À l’inverse, l’auteur évoque un certain nombre d’arguments pour rejeter cette toxicité chronique. Quand il s’agit d’aborder le varroa, un parasite de l’abeille, ou les tests réglementaires pour l’autorisation des pesticides, les prudences épistémiques de l’auteur se sont envolées. Pourtant la réglementation est lacunaire, a fortiori s’agissant des effets sur les abeilles. Soyons clairs, les effets néfastes des néonicotinoïdes sur les abeilles en particulier ou sur les insectes en général ne faisait aucun doute à la date de publication de cet article (voir par exemple Pisa et al, 2015 ; EASAC, 2015).

André Fougeroux sera également invité à donner une conférence pour le compte de l’AFIS. L’AFIS permettra également à Sandrine Leblond de proposer un atelier sur les abeilles à la fête de la science 2021, pour le compte de l’AFIS. L’association avait juste oublié de préciser qu’elle est « responsable biodiversité » chez BASF9 (en plus de son activité d’apicultrice amatrice qui était, elle, mentionnée). Mais, le président de l’AFIS, François-Marie Bréon affirmait que son intervention n’avait aucun rapport avec son poste chez BASF. L’atelier a été renouvelé en 2022. Un webinaire sera même organisé par l’AFIS, avec Sandrine Leblond, pour une présentation du même nom que son atelier pour la Fête de la Science. Dans ce webinaire, elle suggère que les problèmes des abeilles sont dus à ses parasites ou à une baisse des cultures florales. Elle passe également du temps à parler du processus d’évaluation des pesticides (présenté comme long, coûteux, rigoureux)… étonnant pour quelqu’un qui ne s’exprime pas en tant que responsable chez BASF, non ? Et, surtout, elle ne prononcera jamais le terme « néonicotinoïdes ». Une prouesse !

L’AFIS n’hésite donc pas à donner la parole sur les problèmes que rencontrent les abeilles à des personnes en conflits d’intérêts flagrants. En revanche, quand l’agence européenne de l’environnement publie un chapitre sur l’échec de la régulation des néonicotinoïdes, l’AFIS en rend-elle compte ? Non. Quand un groupe de scientifiques se donne pour tâche de faire la synthèse des connaissances sur les néonicotinoïdes, l’AFIS en rend-elle compte ? Non. Quand le conseil consultatif des Académies des sciences européennes produit un rapport sur le sujet, en rend-elle compte ? Non. Quand l’Académie des sciences française publie un rapport sur le déclin des insectes, abordant notamment le rôle des néonicotinoïdes, l’AFIS en rend-elle compte ? Toujours pas.

Perturbateurs endocriniens

Un article de 2011 portant sur l’alimentation affirme que les preuves épidémiologiques manquent quant à la toxicité des perturbateurs endocriniens chez l’humain. L’auteur use d’une stratégie du doute consistant à demander un niveau de preuve particulièrement élevé afin de considérer une substance comme toxique. Ainsi, explique-t-il, il faudrait des études épidémiologiques longues, sur un très grand nombre de cas. Mais, reconnaît-il, de telles études ne suffirait pas à le convaincre puisqu’il prétend que ces études démontrent rarement la nocivité10. Et, surtout, pour lui ces études ne permettraient pas de pointer une substance en particulier puisque nous sommes exposés à des centaines de substances. Nous serions donc condamnés à l’ignorance. Or, les connaissances sur le bisphénol A, par exemple, étaient déjà solides à l’époque. On note que l’auteur prend moins de précaution pour présenter un pesticide bio (l’huile de neem) ou le soja comme perturbateur endocrinien.

En 2017, l’épidémiologiste Catherine Hill remet en cause les liens entre perturbateurs endocriniens et cancers du sein : « Il n’y a pas, aujourd’hui, de preuve que les expositions aux bisphénols, aux phtalates, aux parabènes, au PCB, etc. augmentent le risque de cancer du sein ». Pourtant, en 2013, l’Anses publiait un rapport dont les conclusions « montrent que certaines situations d’exposition de la femme enceinte au BPA présentent un risque pour la glande mammaire de l’enfant à naître ». Une synthèse de 2014 mentionnait également certains éléments concernant le lien entre exposition au bisphénol A et cancers du sein. Enfin, en 2016, un article synthétise les preuves connues concernant les effets des parabènes, du bisphénol A et des phtalates sur le cancer du sein… soit exactement les substances qu’évoque Catherine Hill. Elle n’est décidément par à jour des connaissances sur le bisphénol A, puisque dans une conférence pour l’AFIS en 2019, elle affirme qu’il a été interdit « sur des bases incertaines : aucune preuve de risque chez l’homme ». En 2022, l’EFSA proposait d’abaisser la limite d’exposition au bisphénol A d’un facteur… 100 000, montrant à quel point les agences avaient sous-estimé les risques.

Pesticides

Un article de 2011 présente les pesticides comme des médicaments, comparaison qu’on retrouve dans d’autres articles de l’AFIS11. Une présentation fallacieuse, habituelle de l’industrie des pesticides. Les herbicides sont des pesticides : une substance qui tue des plantes peut-elle réellement être présentée comme un médicament pour les plantes ? Les insectes sont-ils vraiment une maladie pour les plantes ?

Présentation par Bayer du rôle des « produits phytosanitaires » (des pesticides, quoi). On retrouve le même type de comparaison aux médicaments que chez l’AFIS.

La réglementation européenne des pesticides est très critiquée (par des sociologues, toxicologues) en raison de ses nombreuses lacunes. Ces travaux sont totalement ignorés par l’AFIS qui, à l’inverse, préfère vanter la réglementation européenne. En 2019, un article sur les pesticides, écrit par un ancien haut cadre de Syngenta, affirme que la réglementation offre « une garantie au consommateur, à l’utilisateur, à la préservation de l’environnement ». Dans un article de 2016 sur les perturbateurs endocriniens, la question de la régulation européenne des pesticides présentant de telles propriétés est abordée. Il est affirmé que la réglementation « impose l’interdiction pure et simple » dans un tel cas. Affirmation rassurante quant à la sûreté offerte par cette réglementation. Malheureusement, l’AFIS ne rappellera pas que cette réglementation ne pouvait s’appliquer faute de définition européenne d’un « perturbateur endocrinien », maintenant que la définition a été apportée, celle-ci est bien trop restrictive pour être efficace (voir un article où j’évoquais cela).

Les problèmes de santé que rencontrent les agriculteurs sont peu abordés. En particulier s’agissant des cancers, la question n’est traitée qu’en 2016. La population agricole est systématiquement présentée comme ayant moins de cancers que la population générale (ici ou ou 12). Seul un des trois articles précise que cette différence est due à un mode de vie plus sain chez les agriculteurs (auquel on devrait ajouter l’effet travailleur sain). Il n’y a donc aucun sens de comparer des populations qui ne sont pas comparables ! Alors pourquoi le faire, si ce n’est pour semer le doute ?

Une expertise collective de l’Inserm bien peu mobilisée

L’expertise collective de l’Inserm de 2013 portant sur les effets des pesticides sur la santé n’est que très peu mobilisée par l’AFIS, malgré la richesse de ce rapport de plus de 1 000 pages. Dans un article de 2016 déjà cité portant sur la santé des agriculteurs, ce rapport est mentionné pour évoquer le lien soupçonné avec 11 pathologies : 8 cancers et 3 maladies neurodégénératives. Le décompte pose déjà question : considérer que les lymphomes non hodgkiniens ou les leucémies ou les tumeurs cérébrales comptent pour un seul cancer est a minima une erreur. Mais, surtout, on ne voit pas où sont passés les troubles cognitifs ou anxio-dépressifs qui sont mentionnés par l’expertise. On ne sait pas non plus où sont passés les troubles chez l’enfant lorsque la mère subit une exposition professionnelle pendant sa grossesse.

Une autre mention est faite à cette expertise en 2016… mais cette fois pour critiquer son manque de prudence à imputer la maladie de Parkinson aux pesticides.

Enfin, Jean-Paul Krivine, ingénieur chez EDF, va citer à trois reprises l’expertise collective. Une première dans un article sur le risque pour la santé publique que pourraient représenter les pesticides. L’expertise n’est utilisée que pour… parler des pesticides dans l’eau potable et des limites méthodologiques des études épidémiologiques. On se pince. Les effets sur les enfants (troubles du développement, leucémies, tumeurs cérébrales) ou les problèmes de fertilité sont, par exemple, complètement passés sous silence. En 2016, toujours, M. Krivine cite l’expertise pour indiquer que certains pesticides peuvent être responsables d’autisme… mais relativise cela immédiatement en affirmant que « seule une faible fraction des cas d’autisme est ainsi expliquée », sans que cette affirmation ne soit sourcée. Enfin, en 2019, il cite l’expertise de 2013 afin de contester qu’une atrésie de l’œsophage puisse être imputable au glyphosate (au prétexte que cette pathologie ne soit pas mentionnée par l’Inserm).

L’Inserm a mis à jour son expertise collective en 2021. L’AFIS n’a toujours pas relayé ces résultats.

Lien avec Parkinson

Bien que le lien entre l’exposition aux pesticides et la maladie de Parkinson soient très bien documentés (notamment dans l’expertise collective de l’Inserm de 2013 mentionnée ci-dessus), l’AFIS va être assez discrète par rapport à cette connaissance. Philippe Stoop mentionne ce résultat dans un article de 2016 cité plus haut. Mais c’est pour mieux relativiser ce résultat, et critiquer les preuves, dans un autre article du même numéro.

Autre aspect intéressant, un seul pesticide est nommément mis en cause quand il s’agit d’évoquer son lien avec la maladie de Parkinson : la roténone… un pesticide qui était autorisé jusqu’en 2009 en agriculture biologique (et à titre dérogatoire et sous certaines conditions, en France, jusqu’en 2011 pour certaines cultures). Dans (au moins) cinq articles différents, les effets de ce pesticide sur la maladie de Parkinson seront rappelés13 parfois bien après son interdiction.

Pourtant, l’expertise collective de 2013 de l’Inserm sur les effets des pesticides sur la santé cite un autre pesticide dont le lien avec la maladie de Parkinson présente un niveau de preuve comparable à la roténone : le paraquat. Le niveau de preuve est plus important concernant les organochlorés.

Extrait de l’expertise collective de l’Inserm de 2013.

Le paraquat a lui été interdit dans l’Union Européenne en 2007. Il continue néanmoins à être exporté. Son effet sur Parkinson n’a jamais été abordé par l’AFIS…

Principe de précaution

L’AFIS mène depuis de nombreuses années une lutte acharnée contre le principe de précaution. L’association prétend pourtant se concentrer sur l’expertise scientifique et ne pas traiter de la prise de décision.

Cette prise de position est en phase avec ce qu’on peut lire chez des auteurs anti-écologie qui ont tous, eux aussi, à un moment donné versé dans le climato-scepticisme et, pour la plupart, relayé la fable sur le DDT. Certains ont d’ailleurs écrit pour l’AFIS et sont même membres du comité de parrainage de l’association (Bronner et de Kervasdoué).

En 2004, l’AFIS appelle explicitement à ce que le principe de précaution ne soit pas inscrit dans la Constitution française. En 2010, l’AFIS se fait le relai enthousiaste du livre de Bronner et Géhin, au titre explicite : L’inquiétant principe de précaution (livre qui relaie également des idées climato-sceptiques et qui prétend que ce « précautionnisme » risque de nous mener à de l’écolo-fascisme) et dont des extraits seront publiés en 2013. Toujours en 2010, l’AFIS critique le principe de précaution, à propos de la gestion de la grippe H1N1, qui aurait conduit à acquérir de trop nombreuses doses de vaccins. Et que pense l’AFIS de la gestion, sans principe de précaution, du stock de masques chirurgicaux et FFP2 avant la pandémie de Covid-19 ? En 2011, c’est au tour de Jean de Kervasdoué avec son livre sous-titré « Pour en finir avec le principe de précaution » d’être encensé par l’AFIS. En 2011, toujours, Bronner donne une conférence pour l’AFIS sobrement intitulée « Principe de précaution ou décisions raisonnées ? ». On appréciera le faux dilemme. En 2012, L’AFIS nous propose la recension d’un livre intitulé « Regards critiques sur le principe de précaution ». Un article de 2016 de la politologue Virginie Tournay est également critique vis-à-vis du principe de précaution. Elle cite notamment l’ouvrage de Bronner et Géhin. En 2017, c’est au tour du livre de Maud Fontenoy qui « dénonce les méfaits d’un principe de précaution qui étouffe l’innovation » d’être salué par l’AFIS. En 2022, c’est un article d’un médecin qui critique le principe de précaution qui aurait été appliqué à outrance pendant le Covid-19. Avec plus de 150 000 morts du Covid faire le reproche d’un « précautionnisme » est autant audacieux qu’inattendu14.

Au-delà de ces nombreux contenus critiques du principe de précaution, l’AFIS a également publié un désormais fameux article reprochant — à tort — un excès de précaution qui aurait été mortifère : on aurait refusé d’employer de l’eau de Javel en Haïti pour limiter une épidémie de choléra. Tout est faux. En guise de correction, l’AFIS a ajouté un encadré sur son article indiquant : « Les propos tenus sont donc une opinion de l’auteur, sa propre interprétation des événements. ». Une jolie litote pour dire qu’un propos est faux. La fable du DDT qu’a relayée l’AFIS repose sur un principe similaire : reprocher un « précautionnisme » qui aurait eu des conséquences délétères. Cette aversion bien peu rationnelle au principe de précaution conduit l’AFIS à diffuser les fables les plus loufoques.

Malgré la prolixité de l’AFIS sur le principe de précaution, l’association n’a cité que bien peu de travaux scientifiques. Par exemple, le rapport de l’Agence européenne de l’environnement « Late lessons from early warnings » (dont le sous-titre est « science, precaution, innovation ») n’a jamais été cité par l’AFIS alors que celui-ci aborde en longueur (et dès l’introduction) la question du principe de précaution. On apprend dans ce rapport, mais pas via l’AFIS, que le principe de précaution est bien peu appliqué. L’Agence européenne de l’environnement n’a été en mesure de trouver que quatre cas où le principe de précaution a été utilisé à tort (des faux positifs). À l’inverse, les cas où il n’a pas été activé à tort sont pléthoriques. L’Agence dit clairement que la crainte de faux positifs est « infondée ». Elle souligne également que les actions de prévention bien conçues peuvent être bénéfiques pour l’innovation, contrairement à ce qu’en disent les détracteurs du principe de précaution15 (le « principe d’innovation » étant parfois opposé au principe de précaution).


Mises à jour

  1. Il n’est même pas nécessaire d’aller au bout des 1 000 pages de l’expertise pour lire cette phrase, puisque elle arrive dès la troisième page de la synthèse []
  2. qui s’appuie sur un avis du Haut Conseil pour la Santé Publique []
  3. Cette partie a donc évidemment été modifiée suite à la réaction de l’auteur, le 3 février 2023 et au retrait des articles par l’AFIS le 4 février 2023. []
  4. Recommandations de Santé Publique France s’appuyant sur le haut conseil à la santé publique : « pour les fruits et légumes, le repère de consommation est d’au moins 5 par jour qu’ils soient BIO ou non ; s’ils sont issus de l’agriculture biologique, c’est un plus » []
  5. Dans le résumé de son rapport 2018 : « Currently, degradation of the Earth’s land surface through human activities is negatively impacting the well-being of at least 3.2 billion people, pushing the planet towards a sixth mass species extinction » []
  6. Dans son rapport 2019, l’IPBES disait notamment : « Without such action, there will be a further acceleration in the global rate of species extinction, which is already at least tens to hundreds of times higher than it has averaged over the past 10 million years » []
  7. « il secoue dans le même mouvement la torpeur du citoyen endormi et réveille la pointe de scepticisme salutaire qu’une communication souvent à sens unique et volontiers prédicatrice en matière climatique pourrait avoir étouffé » []
  8. Ainsi l’AFIS affirme que : « Ceci permet aux auteurs de l’étude de conclure qu’“aucune des concentrations mesurées n’est problématique pour la santé humaine” ». Or ce qu’écrivent les auteurs de l’étude, traduits par les auteurs des Gardiens de la raison est : « Selon l’évaluation des risques réalisée par l’Efsa, aucune des concentrations mesurées n’est problématique pour la santé humaine. Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a toutefois classé le glyphosate dans le groupe 2A (“probablement cancérogène pour les humains”). Compte tenu de cette évaluation, la tendance à la hausse de l’exposition interne au glyphosate […] mérite une attention particulière pour la santé humaine. » []
  9. Poste pour lequel elle avait notamment été en charge du dossier du fipronil, un insecticide désormais interdit en raison de ses effets sur les abeilles []
  10. C’est en fait le corpus de preuves disponibles qui permet une telle démonstration, pas une étude isolée : la prise en compte d’études mécanistiques, chez les animaux, études épidémiologiques qui permettent de définir une causalité en suivant les critères de causalité de Bradford Hill []
  11. Par exemple, en 2009, 2016 ou 2019 []
  12. Notons que dans ces trois cas les articles sont écrits par des représentants de l’agro-industrie : Jean-François Proust, ancien animateur de Forum Phyto, et Philippe Stoop, qui travaille chez ITK []
  13. En 2010, 2013, 2016, 2016 suite à une émission de Cash Investigation, à nouveau en 2016 []
  14. Bien-sûr qu’il y a eu des décisions qui, avec le recul, semblent absurdes. Il est facile a posteriori de reprocher certaines décisions. En tout état de cause, le bilan dramatique de cette pandémie montre qu’un « précautionnisme » n’a pas été la boussole de nos gouvernants. []
  15. « Overall, the analysis shows that fear of false positives is misplaced and should not be a rationale for avoiding precautionary actions where warranted. False positives are few and far between as compared to false negatives and carefully designed precautionary actions can stimulate innovation, even if the risk turns out not to be real or as serious as initially feared. […] Opponents of the precautionary principle often argue that the principle stifles technological innovation (e.g. Wildavsky, 1995; Mazur, 2004). It appears, however, that the four false positives identified actually sparked innovation within industry and within government. » []

9 comments for “L’abécédaire des horreurs de l’AFIS

  1. personne
    31/01/2023 at 18:36

    Je viens de vérifier la partie sur écriture inclusive (la flemme tu connais). Disons que la mauvaise foi et les postures sont équitablement partagé…

    • factsory
      31/01/2023 at 22:15

      Renvoyer dos à dos, sans argumenter, c’est facile mais peu utile.

  2. personna
    01/02/2023 at 02:15

    Zi utilitarisme n’est pas non plus ma tasse de tea

  3. Elan Muské
    01/02/2023 at 17:33

    Il parait qu’il y a une vie hors des rézos socios

    • factsory
      02/02/2023 at 00:17

      Venant d’une personne qui vient de commenter pour la 3è fois en moins de 24h sur un obscur blog… la remarque ne manque pas de piquant.
      J’espère que ce n’est pas à cause d’un quelconque courroux qu’aurait suscité cet article.

  4. personne avec de la suite dans les idées qui ne se base pas sur twitter
    02/02/2023 at 08:56

    du tout !

  5. Invinoveritas
    03/02/2023 at 11:09

    Des preuves évidentes que lafis est bien pilotée par des francs-maçons reptiliens. Merci pour votre article !

    • Tropala
      12/02/2024 at 09:53

      Réduction à l’absurde du raisonnement. On pourrait répondre que les agences doivent intégrer la partie privée des chercheurs car la recherche publique ne comporte pas tout le spectre nécessaire (partie privée qui pourrait avoir un autre statut d’ailleurs si l’on regarde le modèle allemand) si l’on était un peu moins de mauvaise foi. On peut sans faire de relativisme considérer qu’il a existé par le passé des problèmes dans la collaboration des scientifiques rémunérés par le privé et simplement partir de là pour dire qu’en cas de conflit d’intérêt il serait bon de s’en tenir à des bases solides, non?

  6. 03/02/2023 at 12:46

    C’est celà oui…

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