Les raisons de Jean de Kervasdoué

Jean de Kervasdoué a publié il y a quelques temps un nouveau livre intitulé « Ils ont perdu la raison » mais avant de dépenser de l’argent dans un ouvrage, vérifions que cet homme s’y connaisse vraiment dans ce qu’il vante : la raison. Pour cela nous pouvons nous reporter à son précédent opus, dont le thème a l’air assez proche du nouveau venu, « Les prêcheurs de l’apocalypse ». La quatrième de couverture frappe fort : « Le charbon est plus fatal que l’amiante. Et l’un et l’autre cent fois plus que les radiations nucléaires ». Comparer le charbon, énergie extrêmement répandue dans le monde, à l’amiante, qui est nettement moins utilisée est évidemment trompeur : la consommation d’amiante a culminé à 4,8 millions de tonnes en 1977, contre 3,7 milliards de tonnes pour le charbon en 1980 (valeur qui a maintenant doublé). Bref il y a un facteur mille entre les deux. Comparer leurs conséquences n’a donc aucun sens. La quatrième de couverture ne s’arrête pas là. On y apprend aussi que « Malgré le réchauffement de la planète, la Terre n’a pas encore atteint la température de l’an… mil ». La source de cette affirmation est donnée en page 30. Il s’agit d’un article de Michel Godet dans Le Monde, en 1998. Pour un livre publié en 2007, il aurait pu chercher des informations plus récentes. Et surtout, plus exactes, puisque c’est totalement faux comme l’illustre cette image. C’est bien là le problème de l’ouvrage de Jean de Kervasdoué. Il y a de nombreuses approximations voire des erreurs. Tout le monde en fait, évidemment. Mais elles sont loin d’être rares, et elles marquent surtout un déficit de rigueur de la part de l’auteur. Vues les critiques qu’il émet, cela nuit à son discours. D’autant plus que rares sont les sources données par Jean de Kervasdoué. Sa vision d’un esprit rationnel est-elle de lui vouer pleine confiance ? Voici une petite revue de certains aspects critiquables de son livre. Je ne prétends pas être exhaustif. En revanche, si je lui reproche le manque de sources, je compte bien combler ce manque. J’ai aussi conscience que certaines de mes sources n’étaient pas accessibles à Jean de Kervasdoué, puisque postérieures à l’écriture de son livre. Je n’ai pas le courage de chercher des sources qui soient antérieures à 2007.
 

DDT

Qui a conscience que des dizaines de millions d’enfants sont morts parce que des ornithologues amateurs de Long Island aux États-Unis ont conduit à interdire le DDT pour protéger les oiseaux sauvages de cette villégiature privilégiée des New-Yorkais ? […] Parce qu’il semblait dangereux pour la reproduction de ces oiseaux, le DDT est interdit en 1972. Selon Paul Benkimoun, trente-quatre années et quelques dizaines de millions de morts plus tard, la même organisation non gouvernementale américaine [Environmental Defense Fund] « s’est récemment prononcée pour son utilisation en pulvérisation d’intérieur pour lutter contre le paludisme ». Grand progrès ! L’OMS estime qu’il y a, chaque année, 500 millions de cas de paludisme aigu et de l’ordre de 3 millions de décès annuels

(p. 81)

Stéphane Foucart disait à propos du DDT : « Le DDT est au livre anti-écologie ce que la fève est à la galette ». Ça y est nous avons trouvé notre fève. J’ai déjà longuement parlé de cette fable du DDT, je pense qu’il est inutile que je revienne dessus dans le détail. Notons juste que de Kervasdoué parle de 3 millions de morts qui est un chiffre largement exagéré à l’époque à laquelle il écrit.

Particules fines

La pollution atmosphérique, même quand elle dépasse le niveau 3, a très vraisemblablement beaucoup moins d’effets pathogènes que le printemps : en effet, à cette saison éclosent les fleurs qui produisent du pollen qui, en se disséminant, cause de nombreuses, et parfois graves allergies. À ma connaissance, personne n’a proposé d’abattre tous les arbres de nos villes pour éviter cette épidémie qui m’attteint chaque année, comme beaucoup d’autres.
« très vraisemblablement » est-ce la le type de raisonnement que vante Jean de Kervasdoué ? Il utilise son propre exemple pour justifier son propos. Mais il ne produit aucune donnée permettant la comparaison des deux phénomènes. Un étude réalisée à Atlanta s’intéresse justement au sujet. Que dit-elle ?
Rate ratio estimates for associations between ambient air pollutant concentrations and pediatric asthma emergency department visits were similar regardless of whether pollen concentrations were included in the model as covariates; we examined various lags of pollen concentrations both continuously and using indicator variables for the top 5 and 10% of days.
Autrement dit, qu’on prenne en compte les concentrations en pollen dans l’air ou non, les auteurs n’ont pas trouvé de différences dans le nombre de visites d’urgences. Je ne doute pas que Jean de Kervasdoué soit très affecté par les pollens. Mais les graves problèmes respiratoires qui en résultent semblent rares comparés à la pollution aux micro-particules. On pourrait aussi se demander si ces problèmes ne sont pas aggravés par la pollution…
Ainsi l’AFFSE indique : « En 2002, de 6453 à 9513 personnes âgées de plus de 30 ans sont décédées d’une exposition à la pollution par les particules fines (d’une taille inférieure à 2,5 microns), émises par les automobilistes. » Seraient-elles plus dangereuses que les mines d’amiante ou les mines de charbon ? Peut-être. Je doute toutefois de la réalité humaine de ce qui n’est que le résultat d’un calcul à p’artir d’hypothèses incertaines. Et dans le domaine des maladies respiratoires, combien sont décédés à la suite du printemps qui nous contraint à respirer des pollens allergisants ? Combien ont de l’asthme produit par des contacts avec les acariens ?

(p. 104)

M. de Kervasdoué rejette donc d’un revers de la main les résultats de l’étude de l’AFFSE (maintenant l’ANSES). Il parle « d’hypothèses incertaines » mais ne les mentionne pas, c’est fâcheux. Il tente de fournir une explication alternative, mais ne l’étaye pas. Il se contente de produire du doute sans jamais l’argumenter. Pourtant une diminution des particules fines, induit une augmentation de l’espérance de vie. La pollution atmosphérique routière est corrélée positivement à l’asthme chez les enfants. Il faut généralement se méfier de la corrélation qui aboutit à une causation. Ici elle ne vient pas produire une hypothèse nouvelle mais confirmer une hypothèse existante. De plus elle n’est pas le fruit d’une seule étude mais le résultat de plusieurs études autour du monde, ce qui réduit encore le risque d’une corrélation « au hasard ». Il pourrait encore s’agir d’une cause commune qui génèrerait une pollution atmosphérique plus importante et de l’asthme. Il n’existe pas, à ma connaissance, de telle hypothèse. De même une large étude aux USA montre qu’une hausse de la concentration des particules fines est liée à une augmentation de la démence, des maladies d’Alzheimer et de Parkinso.

À propos de santé

Sur les cancers
De 1978 à 2000, à structure de population identique, l’incidence des cancers a crû en France de 35%. D’où vient cette croissance ? Est-ce « l’environnement » et notamment dans cet environnement les produits chimiques ? Est-ce la capacité des techniques de dépistage qui permet de déceler des tumeurs de plus en plus précoces ? Les deux peut-être mais si tel est le cas, dans quelle proportion ? En attendant les réponses à ces questions, il n’y a pas de quoi s’alarmer car, très bonne nouvelle : le risque de mourir d’un cancer en France ne s’accroît pas il diminue. « Le nombre de décès par cancer en France a augmenté de 15,5% entre 1980 et 2000 […] L’augmentation observée est donc inférieure à celle attendue parce que les effets démographiques ont été en grande partie compensés par la réduction du risque de décès par cancer. Cette réduction a été de 13,6%, c’est-à-dire 29,1 moins 15,5% »

(p. 88–89)

Ici, il se contredit lui-même. Dans son livre il prétend en effet que la médecine n’est responsable que d’une petite partie de l’augmentation de l’espérance de vie. Si ce n’est pas la médecine qui nous permet de mieux nous en sortir. Qu’est-ce ? Surtout, le dépistage accru de certains cancers est évidemment une cause de l’augmentation de l’incidence des cancers. Mais cette explication ne se suffit pas. Et ce n’est pas parce que les traitements s’améliorent qu’il s’agit d’une bonne nouvelle de devoir prendre un traitement. D’après Stéphane Foucart1 « Selon les statistiques de l’InVS, l’incidence des cancers de la prostate a été multipliée par plus de cinq entre 1978 et 2008. […] L’incidence [du cancer du sein] a doublé au cours des trente dernières années [données corrigées de l’âge]. […] L’augmentation de l’incidence de ces deux grands cancers a commencé bien avant la mise en place des campagnes de dépistage.[…] Le cancer du testicule […] a plus que doublé en France entre 1980 et 2005 — chez l’homme jeune, c-à-d dans la tranche d’âge 25–34 ans, il a triplé en France entre 1975 et 2005. Or pour ce cancer spécifique, il n’existe aucun programme de dépistage systématique. ». Ce qui est amusant, c’est qu’un peu plus loin Jean de Kervasdoué est encore en désaccord avec lui-même : si tout à l’heure il écrivait que l’environnement et le dépistage jouaient un rôle, une page plus loin il ne retient que le dépistage : « l’espérance de vie aurait peut-être pu croître plus vite encore mais dans ce cas la croissance des cancers est, pour l’essentiel, due à notre plus grande capacité à les détecter »

Sur l’hépatite B

Étonnamment Jean de Kervasdoué est un défenseur de la vaccination contre l’hépatite B. Je dis étonnamment car il s’insurge (avec justesse) contre un certain nombre de dépistages ou de traitements inutiles (contre le dépistage des cancers de la prostate, par exemple). Pour défendre cette vaccination il s’appuie sur le fait qu’en France les hépatites B et C tuent 4000 personnes, soit « 5 fois plus que le SIDA » (p. 171). Si le SIDA est utilisé ici, c’est pour faire un appel à la peur. S’il est une maladie qui fait peur, c’est bien le SIDA (à égalité avec le cancer ?). Or ce n’est pas dans notre pays qu’elle tue le plus, loin de là. Bref, nous ne sommes pas dans une argumentation faisant appel à la raison. Et encore cette statistique est gonflée. Pourquoi parler des décès par hépatite C (en plus de la B) alors qu’il est question de la vaccination contre l’hépatite B ? En fait il y avait en 2001 1327 décès attribuables au virus de l’hépatite B (soit 2,2 décès pour 100 000 habitants). Donc Jean de Kervasdoué défend une vaccination généralisée permettant de sauver au mieux 1327 vies par an. Ce n’est pas mon opinion, mais pourquoi pas. En revanche, ce qui est étonnant c’est que l’auteur s’oppose (à raison, à mon avis) au dépistage du cancer de la prostate (p. 177) alors qu’il cause environ 8000 décès par an. Une explication possible (non donnée par l’auteur) peut être l’âge auquel ces différentes pathologies touchent les personnes. Le cancer de la prostate survient chez des personnes plus âgées que l’hépatite B. Mais cela constitue-t-il réellement une raison suffisante pour défendre la vaccination contre l’hépatite B ? Ou s’agit-il uniquement de s’opposer aux personnes systématiquement anti-vaccins ?

Sur le nucléaire

Jean de Kervasdoué veut aussi montrer que les radiations nucléaires ne sont pas dangereuses pour la santé. Pour cela il prend l’exemple d’appartements taïwanais irradiés. Ces appartements ont été construits au début des années 1980 avec un acier qui avait été accidentellement contaminés par une source radioactive. 180 bâtiments rassemblant 1700 appartements ont été touchés. Il se réfère alors à une étude semblant montrer un effet protecteur de ces irradiations. Or l’étude compare le taux de cancer parmi les personnes ayant habité ces appartements à celui de la population générale. Mais à aucun moment les auteurs de l’étude ne montrent que les populations sont effectivement comparables. À l’inverse, on peut penser que des personnes habitant dans des appartements neufs ne sont pas représentatives de la population globale. Cette publication en particulier semble donc souffrir d’un biais important. Par ailleurs les auteurs de cette étude sont aussi des défenseurs de l’hormèse : l’hypothèse selon laquelle de faibles doses de radiation auraient un effet protecteur. Hypothèse que les auteurs semblent mettre en évidence dans leur publication (et dans d’autres : ici ou ici). Or l’hormèse n’est pas une hypothèse acceptée par l’UNSCEAR (comité scientifique de l’ONU sur les conséquences des émissions radioactives)2. Pourquoi dans un livre grand public comme celui de Jean de Kervasdoué, relayer des thèses scientifiques qui sont loin de faire l’unanimité, a fortiori sans le mentionner ? On pourra également avantageusement se reporter à cette étude de l’effet des faibles doses sur les leucémies ou encore ce récent rapport de l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire).

Quelques amalgames

Il existe par ailleurs, en dixième position de ce même classement réalisé pour les pays développés, une indication des conséquences fâcheuses de la carence en fer : elle induirait 0,7% des maladies de ces pays. Cette carence se développe en effet, notamment chez les femmes, parce qu’elles ne mangent plus assez de viande rouge, conséquence directe des modes végétariennes diffusées par le mouvement hippie il y a quarante ans et, plus récemment, de la crise de la « vache folle » qui a fait croire que la viande bovine était dangereuse pour la santé.

(p. 25)

Avez-vous noté la vitesse à laquelle on passe de la carence en fer à « c’est la faute des végétariens et de ceux qui nous ont alerté sur la vache folle » ? Pourtant à quel moment Jean de Kervasdoué montre-t-il :
  1. que cette carence en fer est due à un manque de consommation de viande rouge ;
  2. qu’il s’agit d’un choix délibéré et non de contraintes économiques empêchant certaines personnes d’acheter de la viande rouge ou de suivre un régime équilibré ?
Réponse : à aucun moment. Là encore nous ne sommes pas dans un argumentaire raisonnable, mais uniquement dans un enchaînement d’éléments qu’on tâche d’associer afin de taper contre des personnes élevées au rang d’ennemis (en l’occurrence les végétariens, et les personnes redoutant la vache folle).
La santé n’est pas la médecine, la médecine n’est pas la santé. Si la médecine contribuait seule à l’amélioration de la santé, les États-Unis, jouiraient, et de loin, de la meilleure santé au monde : en effet, en dollars par habitant et par an, leurs dépenses annuelles dites « de santé » sont pratiquement le double, 1,8, de celles des Français, et 2,4 fois celles des Britanniques. Or les Américains vivent moins lontemps que les Britanniques et encore moins que les Français

(p. 45)

Ici Jean de Kervasdoué a recours à un effet paillasson, qu’on pourra appeler métonymie pour faire plus sérieux. Il fait le lien entre « dépenses de santé » et médecine. Or toutes les dépenses de santé ne vont pas directement dans la médecine. Par exemple les dépenses de marketing des laboratoires pharmaceutiques ont explosé aux États-Unis et représentent maintenant le double des dépenses en recherche et développement. Les médicaments les plus courants coûtent plus de deux fois moins chers en France. Payer une même pilule plus cher n’aide probablement pas (quoi que ? le prix joue-t-il un rôle dans la guérison ?) à guérir mieux. On voit donc qu’une dépense de santé plus importante ne change rien à la médecine utilisée. De plus une dépense de santé ne dit rien de l’accès de tout un chacun à des soins de qualité. Les États-Unis ne sont pas vraiment le pays le plus égalitaire sur ce point, ni sur d’autres.
Au nom de quoi cette organisation [l’OMS] peut-elle prétendre que le choix de ceux qui fument, mangent et boivent plus que de raison est « mauvais » ? Au nom de la santé certainement, mais « mauvais » tout court, le mauvais de « mauvais choix » implique que seule l’hygiène définirait la « bonne » et la « mauvaise » vie. La tentation totalitaire n’est pas loin.

(p.24)

Voici une attaque personnelle destinée à discréditer l’organisation mondiale de la santé, accusée de dérive totalitaite. Il est assez troublant de constater que l’argumentaire de l’auteur est proche de celui véhiculé par les industriels du tabac (dès les années 30, avec les « torches de la liberté »). Oui fumer, boire ou manger trop est mauvais. Mais ce n’est pas nécessairement un choix contrairement à ce que veut faire croire de Kervasdoué. Par exemple plus de la moitié des fumeurs aimeraient arrêter de fumer. N’oublions pas non plus que fumer, boire beaucoup ou manger de façon malsaine a des conséquences sur la santé et entraîne des décès prématurés (environ 11 millions de morts au total). Ces maladies ont également un coût pour la société.
Je ne crois pas, par exemple, que la transformation des rues de Paris conduise à une baisse significative de la consommation d’énergie […] Enfin, et, c’est plus grave, on peut se demander si l’on n’a pas échangé des morts « statistiques » par des morts réels : entre 2005 et 2006 les accidents corporels dus à la circulation augmentent de 7,8% à Paris et les accidents mortels de 19%

(p.18)

Qu’il ne croit pas à la transformation des rues de Paris, très bien. La croyance est de l’ordre du privé et il ne peut pas essayer de nous convaincre de quelque chose qu’il « croit ». Ou alors il a des arguments et des sources et il les met sur la table. Ce qu’il ne fait pas. Enfin, et c’est plus grave, de Kervasdoué conclut (ou du moins fait mine de poser une question) à partir d’un seul exemple : une évolution des chiffres entre 2005 et 2006. Ce n’est pas vraiment une tendance lourde fondée sur des décennies d’observation. Lorsqu’on regarde les chiffres de la Préfecture de Police de Paris si on voit bien l’augmentation dont parle de Kervasdoué, il ne s’agit pas d’une tendance qui s’est confirmée par la suite. Au contraire les chiffres ont baissé par la suite pour atteindre leur plus bas niveau depuis 2002 (p.8).
Ne traduisent-ils pas [les obèses aux USA], par leur consommation alimentaire, une sorte de triomphe du consumérisme ? « Je suis pauvre certes mais, citoyen des États-Unis, je suis suffisamment riche pour manger plus qu’à ma faim pour participer à la sociéte de consommation »

(p.48)

Jean de Kervasdoué a été directeur général des hopitaux. Il arrive pourtant à faire ce genre de raccourcis. L’obésité ce sont donc des pauvres qui veulent trouver leur place dans la société de consommation ? Il n’y a donc pas d’addiction ? Aucun lien avec la télévision (et la publicité qui s’y trouve) ? Aucun lien avec les fortes teneurs en gras, sucre ou sel des aliments bon marché ?

Comparaison n’est pas raison

Oui, c’était idiot et évitable [en parlant d’un accident qui lui est arrivé, provoquant une fracture de la hanche, pour arguer que les accidents sont accidentels], mais je ne l’ai pas évité, pas plus que les alcooliques n’arrivent à éviter la provisoirement réconfortante et toujours dangereuse proximité de la bouteille

(p.75)

Jean de Kervasdoué associe un accident avec une addiction. La dépendance à l’alcool ou à d’autres drogues (comme le tabac) n’est pas « un accident » qu’on peut éviter. Ces drogues créent une dépendance dont il est difficile de sortir (par définition) lorsqu’on en est victime.

Techniques de l’homme de paille

On a déjà vu dans les exemples précédents des situations ou de Kervasdoué part d’un exemple pour généraliser (sur la circulation automobile à Paris, sur la pollution de l’air). C’est en fait dès le titre du livre que se situe la généralisation hâtive. Sous une appellation commune « Les prêcheurs de l’apocalypse », l’auteur rassemble en fait plusieurs personnes qui ne partagent généralement pas les mêmes préoccupations. Ainsi de Kervasdoué critique les écologistes (de manière générale et sans faire de distinction : autre généralisation), mais il critique aussi les personnes qui achètent de l’eau en bouteille et qui ont peur des nitrates. Or l’eau en bouteille est vue comme un gaspillage par certains écologistes. À ce titre il réussit d’ailleurs la prouesse d’affirmer que les nitrates « sont aussi “naturels” qu’innofensifs » (p. 3) pour ensuite parler de l’eutrophisastion due au nitrate (p. 39). Comprenne qui pourra. Mais il critique aussi le dépistage systématique de certaines maladies (comme le cancer de la prostate). Or, je ne me souviens pas avoir vu d’écologistes défendant avec ferveur le dépistage du cancer de la prostate. Il est certes beaucoup plus aisé de s’attaquer à un ennemi construit de toute pièce, mais c’est beaucoup moins réaliste. C’est en tout cas un bon exemple de la technique de l’homme de paille. Autre exemple, en page 198,
Si donc, pour des raisons d’économie d’énergie, on construit une maison parfaitement calfeutrée, cet isolement favorise le développement des acariens et donc les allergies, à moins d’utiliser de manière fréquente des insecticides
A-t-il une source à ce sujet ? Pense-t-il vraiment que les maisons parfaitement isolées sont dépourvues de toute aération ? Si c’est le cas, les acariens ne seront pas le seul problème mais également l’humidité et le taux de CO2 qui finira par tuer ses occupants. On voit donc qu’avec un exemple absurde, on arrive à des conséquences absurdes. Certes, mais ça ne prouve rien. En page 91, il nous gratifie encore de cette technique :
Bien entendu, là encore, dans certaines circontances, à certaines doses , l’éthanol peut être dangereux — les hommes le savent au moins depuis Noé —, mais de là à interdire son usage, on croit à un cauchemar ubuesque, mais non, tout ceci est bien réel. Européens, réveillez-vous
L’auteur n’est pas content parce que :
la Commission Européenne envisage en effet de classer l’éthanol, autrement dit l’alcool, celui de la bière, du vin, et du cognac, en substance cancérigène mutagène et reprotoxique (CMR)

(p. 90)

Or le fait que l’éthanol soit classé CMR ne signifie pas son interdiction. Voici d’autres exemples de CMR, tous ne sont pas interdits : poussière de bois, tabac, gaz d’échappement, amiante, plomb.
Quelle « mauvaise santé » [faisant référence à des propos de Belpomme] ? L’espérance de vie aurait-elle subitement arrêté de croître ?

(p.20)

Alors que Belpomme parle de « mauvaise santé », de Kervasdoué répond sur l’espérance de vie qui sont deux notions bien différentes. L’espérance de vie peut continuer à croître tout en ayant plus de gens en mauvaise santé, par exemple si la médecine s’améliore et permet à plus de gens en mauvaise santé de continuer à vivre. Bref les deux affirmations ne sont absolument pas contradictoires. L’espérance de vie en bonne santé serait déjà un meilleur indicateur. Cela étant la définition de la bonne santé utilisée pour le calcul de l’espérance de vie en bonne santé n’est pas forcément la définition que chacun se fait de la bonne santé. Ainsi la bonne santé est définie comme : « l’absence de limitations d’activités (dans les gestes de la vie quotidienne) et l’absence d’incapacités. ». Pour peu que des médicaments nous permettent de vivre normalement, nous sommes donc considérés en bonne santé. Mais ces dernières années, l’espérance de vie en bonne santé a tendance à stagner voire diminuer.
De combien augmenterait l’espérance de vie des français si par un hasard heureux plus personne ne mourrait de cancer ? La réponse est : … douze mois. Les cancéreux meurent plus jeunes que les autres (en moyenne cinq ans), 20% de la population meurt du cancer donc : douze mois

(p.13)

Jean de Kervasdoué résume les cancers au fait de mourir précocément. C’est très partiel, ignorés donc la maladie, le traitement et leurs conséquences sur l’individu pendant de nombreuses années. Mais surtout l’affirmation est, une nouvelle fois, fausse. En moyenne l’espérance de vie perdue ne se monte pas à cinq ans mais à quinze ans (p. 28, Tab. 1-5). Et n’ergotons pas pour quelques pourcents, mais le pourcentage de la population mourant d’un cancer est lui aussi sous-estimé3. Une fois toutes ces corrections faites, on arrive à 50 mois de vie perdus… loin des 12 mois annoncés. Venant d’une personne ayant été directeur général des hôpitaux, de telles approximations laissent pantois.

Sur les produits chimiques

Est-il envisageable de se passer des 30 000 produits chimiques autorisés aujourd’hui dans l’UE, notamment de ceux qui permettent de nettoyer les sols, les cuisines, et le linge, de décaper les fours ou les boiseries ? Non, bien entendu, même si, à l’évidence, certains de ces produits, à commencer par le plomb dans la peinture ont fait des ravages

(p. 20)

Là aussi il s’agit de la technique dite de l’homme de paille. Elle est normalement bien connue des personnes qui vantent une approche rationnelle, car c’est ce genre d’argumentaires qu’elles dénoncent. En l’occurrence Jean de Kervasdoué laisse penser que des personnes (qui ?) proposent de supprimer les 30 000 produits chimiques autorisés dans l’UE. Or lorsqu’on consulte une liste (partielle) des substances autorisées on y trouve par exemple le dioxyde de carbone ou l’azote. Ce sont tous les deux des gaz que nous expirons. Nous serions bien en mal de les interdire ! C’est là le principe de la technique de l’homme de paille : démolir un argument qui n’est en fait pas utilisé.

Occultation de données pertinentes

Pour insister sur le peu de dangerosité des produits chimiques, de Kervasdoué parle de l’accident industriel de Seveso, en citant Wikipedia. S’il mentionne que cet accident n’a fait aucune victime humaine, il oublie pourtant les autres conséquences, toujours citées sur l’article Wikipedia :
En revanche, sur le plan écologique, les effets de la catastrophe sont tangibles : outre les 3 300 animaux domestiques morts intoxiqués, il faut abattre près de 70 000 têtes de bétail. Par ailleurs, les sols agricoles et les maisons nécessiteront de lourds travaux de décontamination.
Par ailleurs en matière d’accident industriel d’une usine chimique, la plus célèbre reste malheureusement Bhopal, dont le bilan fait état de plus de 7000 morts, sans parler des malades et des effets secondaires sur la population.

Sur le tabagisme passif

pour l’interpréter [l’information du pourcentage] il est nécessaire de connaître aussi le taux de mortalité par cancer du poumon des non-fumeurs : il est de 6 pour 100 000. Donc si cette étude est exacte, la mortalité chez les conjoints non fumeurs de fumeurs passe de 6 pour 100 000 à 8 pour 100 000 du fait du tabagisme passif. À ce niveau de probabilité, même si l’on n’est pas dans la marge d’erreur, faut-il beaucoup s’en préoccuper ?

(p. 64)

Si Jean de Kervasdoué a entièrement raison de s’intéresser à la valeur absolue en plus du pourcentage (il faut toujours savoir à quoi se rapporte un pourcentage), ce n’est pas une raison pour minimiser l’importance du tabagisme passif. Surtout que, ni vu ni connu, Jean de Kervasdoué résume le tabagisme passif au cancer du poumon. Il n’en est rien. En 2004, 603 000 morts sont attribuables au tabagisme passif, dont 35 500 en Europe occidentale et parmi celles-ci 1993 de cancers du poumon (environ 6%). Le principal problème du tabagisme passif n’est pas le cancer du poumon. Pourquoi faire mine de résumer le tabagisme passif à cette pathologie-là ?

Sur la dioxine

Les traces de dioxine dans un produit alimentaire, même quand elles dépassent d’une centaine de fois les normes européennes autorisées, n’ont rien d’inquiétant.

(p.3–4)

Selon les institutions, les doses journalières « tolérables », il s’agit de tolérance administrative et pas médicale, varient de 0,006 picogramme par kilo et par jour (norme de l’EPA, américaine) à 10 picogrammes par jour (norme canadienne). Autrement dit, la dose tolérée est 1666 fois plus importante au Canada qu’aux États-Unis.

(p.27–28)

Une note de bas de page précise même :
Un picogramme ce n’est vraiment pas grand chose et aucun produit, même le plutonium, poison extrêmement violent, n’est directement toxique pour l’homme à cette dose. […] Il n’y a pas que la dioxine qui soit, à certaines doses, cancérigène, ainsi le poivre, la moutarde… mais à des doses journalières tellement élevée qu’il ne vaut pas la peine de s’en préoccuper
En fait si les doses recommandées sont aussi faibles, c’est parce que la dioxine s’accumule dans les graisses. Elle est d’ailleurs un cancérogène connu, même si en deçà d’une certaine dose le risque est négligeable. C’est pourquoi la comparaison faite par Jean de Kervasdoué, avec la moutarde ou le poivre est malhonnête. Qui a déjà vu de la moutarde ou du poivre s’accumuler dans un organisme ?

Affirmations non étayées

Sur l’espérance de vie

Il a fallu atendre 1930 pour que la médecine curative commence à avoir un impact sur la santé, aujourd’hui cet impact est substantiel — merveilleuse nouveauté — mais n’explique que 15% à 20% de la croissance de l’espérance de vie des Occidentaux.
Pourtant voici l’explication que Kervasdoué donnait au fait que la Russie possèdait une espérance de vie comparable à celles des « pays occidentaux » : « Le régime soviétique avait été captable de gagner la bataille contre les maladies infectieuses (grâce aux vaccins et antibiotiques ) et d’offrir un suivi médical aux femmes enceintes ». Alors, la médecine responsable de l’augmentation de l’espérance de vie ou juste un peu ?
La guerre, la famine, les épidémies demeurent les causes essentielles des morts prématurées, des années de vie perdues, des enfants abandonnés sur la planète. La nature tue autrement plus que la technique qui, seule, permet qu’autant d’hommes vivent sur terre

(p.21)

La référence aux enfants abandonnés est un « appel à la pitié » censé nous attendrir afin de nous faire accepter plus facilement sa thèse. De plus Jean de Kervasdoué a recours à un effet paillasson. Dans ce qu’il appelle « la nature » il met les guerres ou les famines, qui peuvent difficilement être imputables à la « nature ». Les causes des famines sont variées et le climat peut y jouer un rôle (mais nous avons aussi notre responsabilité dans le changement climatique) mais on ne peut pas résumer la famine à une cause de la nature, c’est ignorer la pauvreté, les guerres, le gaspillage de nourriture, l’instabilité des marchés financiers. Concernant la répartition des morts (de Kervasdoué parle de « morts prématurées » il faudrait définir ce que n’est pas une mort prématurée…), l’OMS en 2011 disait : « Les maladies non transmissibles sont responsables de deux tiers des morts en 2011, en hausse de 60% depuis 2000. Les quatre principales causes sont les maladies cardio-vasculaires, les diabètes et les maladies chroniques des poumons. Quant au XXè siècle, le nombre de morts par maladies infectieuses (1,7 milliards) est moindre que le nombre de morts par maladie non transmissible (2,5 milliards) sans même parler des morts dus aux guerres, meurtres, accidents, etc.

Sur l’agriculture

L’agriculture nord-américaine pourrait nourrir à elle seule plus de 6 milliards d’hommes

(p.21)

Cette affirmation est étonnante. Certes la planète produit assez pour nourrir tout le monde de là à ce que seule l’Amérique du Nord puisse quasiment nourrir toute la planète, il y a une marge. D’après un scientifique de Cornell, 800 millions de personnes de plus pourraient être nourries en réorientant les céréales utilisées pour l’élevage aux USA. Ce qui ne veut pas dire que l’affirmation de de Kervasdoué est fausse, mais pour la croire encore faudrait-il qu’elle soit justifiée. D’autant plus qu’elle est assez surprenante de prime abord.
Pour la même production de céréales, l’agriculture biologique nécessite, en effet, de 2 à 3 fois plus de surface et consomme plus d’énergie par tonne d’alimentation produite

(p.196)

Or d’après une méta-analyse publiée dans Nature, comparant les rendements en agriculture conventionnelle et biologique, ils sont 26% moins bons sur les céréales en biologique par rapport au conventionnel. Loin donc des résultats autoproclamés par de Kervasdoué. Mais ce n’est pas tout. Jean de Kervasdoué parle également de consommation d’énergie. L’affirmation a de quoi étonner car l’agriculture conventionnelle repose sur la consommation d’engrais et de pesticides, produits issus de l’industrie pétrochimique, nécessitant donc de l’énergie. Comme le dit Jean-Marc Jancovici :
Que se passe-t-il quand on se met à cultiver bio ? :
  • on évite l’énergie fossile nécessaire à la fabrication des engrais de synthèse, qui sont interdits dans le système bio, et donc certains postes d’émission disparaissent,
  • idem pour les phytosanitaires,
  • il y a quand même des émissions de N2O liées à l’épandage des fumiers et autres apports d’azote,
  • les rendements sont moins élevés, alors que les heures de tracteur sont à peu près les mêmes, et donc les émissions de CO2 par unité de production augmentent pour certains postes.
  • enfin, bio ou pas bio, les ruminants continuent à roter du méthane !
[…] La triste vérité est donc la suivante : manger bio c’est bien, mais pour le climat il faut surtout manger moins de viande (ce qui du coup rend plus facile de la manger bio, et autant ne pas s’en priver !).
L’affirmation de de Kervasdoué entre également en contradiction avec des études au Danemark, en Turquie (sur la culture d’abricots) ou encore au Canada. Voilà encore une affirmation péremptoire de Jean de Kervasdoué qui ne semble avoir pour seule vertu que de confirmer les croyances de l’auteur.

Sur l’amiante

Aujourd’hui encore, comme l’indique l’Annexe 12, dans une Europe à quinze, les mines de charbon sont à l’origine de 2955 décès et les mésothéliomes après inhalation de poussières d’amiante de 1433 […] Ne pouvait-on pas protéger le personnel et les étudiants de Jussieu en empêchant l’amiante de devenir pulvérulente ?

(p.36)

Poser la question c’est y répondre. Jean de Kervasdoué suggère donc qu’on aurait pu faire des travaux bien moins coûteux pour les bâtiments de l’université de Jussieu. Mais sur quelles bases scientifiques s’appuie-t-il pour formuler une telle assertion ? Je n’ai pas d’avis sur la question, mais pour m’en forger un, j’ai besoin d’éléments concrets qui ne sont pas fournis ici par l’auteur. Surtout, le nombre de morts dus à l’amiante est loin d’être négligeable. L’OMS signale qu’en 2004 107 000 décès sont dus à une exposition professionnelle à l’amiante. De plus une étude récente, réalisée à partir de plusieurs autres études, identifie un risque plus important que prévu pour de faibles expositions. Il semble donc un peu rapide de mettre de côté les risques qui reposaient sur les étudiants et les enseignants de Jussieu… D’autant plus quand il s’agit par ce biais de minimiser l’impact de l’amiante.

La technique nous sauvera

Jean de Kervasdoué est croyant. Il croit que la technologie amènera les solutions aux problèmes actuels. Or nous sommes bien là dans la croyance : il n’y a aucun élément concret qui permet de savoir si les connaissances nécessaires seront acquises afin de permettre à une technologie de se développer, si elle sera rentable et si ses avanvatages seront bien supérieurs à ses inconvénients.
Certes on n’empêchera jamais une vache de roter ou de péter, mais l’on peut, grâce aux manipulations génétiques, à la fabrication d’OGM donc, réduire l’épandage de pesticides et sélectionner des variétés moins consommatrices d’eau et d’énergie

(p. 116)

Passons sur les deux premiers points et intéressons-nous plus particulièrement au dernier : des OGM demandant moins d’eau et moins d’énergie qu’il suffit de « sélectionner ». S’il faut sélectionner ces variétés, on comprend donc qu’elles n’existent pas encore. Qu’est-ce qui permet à Jean de Kervasdoué d’affirmer qu’il est « possible de les sélectionner » ? Peut-être nous n’y arriverons jamais. Ou alors pas suffisamment tôt pour faire face aux problèmes actuels, et prochains. Jean de Kervasdoué est d’ailleurs tellement confiant dans ces OGM qu’il renouvelle son affirmation plus loin :
On doit par ailleurs remarquer que les OGM, dans la mesure où ils seraient sélectionnés pour utiliser moins d’eau, moins d’engrais, moins de pesticides, contribueraient efficacement à la réduction de l’effet de serre et à la bonne utilisation des ressources hydriques.

(p. 223)

Ce genre d’affirmations ne coûte pas cher. On pourrait aussi dire que dans la mesure où les OGM seraient sélectionnés pour capter 10 fois plus de CO2, ils contribueraient efficacement à la lutte contre le réchauffement climatique. Ou encore que dans la mesure où les OGM seraient sélectionnés pour pousser dans le désert, il n’y aurait plus de problème de surfaces cultivables disponibles. Bref ces affirmations n’ont rien de scientifique, car il est impossible de démontrer qu’elles sont fausses : elles ne sont pas réfutables. Nous ne sommes plus dans le domaine de la science mais dans le domaine de la croyance. De la part de quelqu’un défendant une approche rationelle, c’est surprenant.

Conclusion

« L’industrie de l’énergie avait souvent accusé les environnementalistes de vendre de la peur; or, c’est exactement ce qu’elle-même avait fait en agitant ses craintes de ravage économique » (Les marchands de doute, p. 175) Et d’autres accusent les environnementalistes de ne pas utiliser d’arguments rationnels, tout en s’abstenant également d’y avoir recours ! Terminons par une citation de Jean de Kervasdoué lui-même, dans son livre : « L’intolérance écologique se construit à partir de généralisation et de changement d’ordre de grandeur dans le raisonnement ». Notons que Jean de Kervasdoué l’applique à merveille pour l’intolérance envers les écologistes.

Mises à jour

  • 08/01/2016 : Ajout d’une étude sur les particules fines
  1. Dans la Fabrique du mensonge, p. 219 et 220 []
  2. « Until the above uncertainties on low-dose response are resolved, the Committee believes that an increase in the risk of tumour induction proportionate to the radiation dose is consistent with developing knowledge and that it remains, accordingly, the most scientifically defensible approximation of low-dose response. However, a strictly linear dose response should not be expected in all circumstances.» []
  3. Parmi les 545 241 personnes mortes en 2002, 152 738 sont mortes d’un cancer, soit 28% []